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 Annoncer la Bonne Parole – Eko Sokolwska

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Invité

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MessageSujet: Annoncer la Bonne Parole – Eko Sokolwska   Annoncer la Bonne Parole – Eko Sokolwska EmptyMer 4 Fév - 12:26

Cerberus Hall. Ses maisons délabrées, ses bidonvilles, sa misère. Sa crasse. Je fronce le nez, de mépris mais aussi à cause de l’odeur qui remonte des égouts. Comment se fait-il que pauvreté rime toujours avec saleté ? C’est à croire que les démunis n’ont aucune dignité.

Chaque visite est une pénitence, pour moi. Des gens sales, des rues sales, des habitations sales, et même du désespoir sale. La seule tache de couleur est l’espérance qui brille dans les yeux des immigrés lorsqu’ils m’aperçoivent. Cela m’exaspère au plus haut point : je sais ce qu’ils attendent moi. Non un sermon, mais juste de quoi manger. Certains me font penser à des animaux.

Je ne suis pas un Mercy. Ma vocation n’est pas de prendre soin d’autrui. Mais de toute manière, j’ai l’impression qu’ils ne savent pas faire la différence entre les factions de l’Animus Vox… Une bure équivaut à une main nourricière, point.

Mais mon rôle, c’est de faire en sorte que leur foi dans le Dôme soit inébranlable alors j’ignore leur souffrance. Leur devoir est de croire pour se dévouer corps et âmes à leurs tâches quotidiennes. De suer sang et eau pour faire tourner notre belle société. Pour enrichir les puissants. Certains crèvent, d’autres se rebellent, mais on s’en fiche. Tant qu’on a assez de main d’œuvre…

Et finalement, même les rebelles sont utiles : leurs punitions servent d’exemples aux autres. La plupart sont battus, et pour les plus teigneux, c’est l’exil qui les attend. Franchement, pourquoi être venus au Dôme s’ils ne veulent pas se plier aux règles ? Voilà une chose qui m’échappe : quel manque de logique ! Les rumeurs courent que l’extérieur est pire encore que la vie d’immigrant, donc de quoi se plaignent-ils ?

Je passe devant une petite ruelle quand j’entends un drôle de bruit. Je m’immobilise. C’est un son mât et doux, presque inaudible. Puis :

— Arrêtez-la ! Elle a volé mes indulgences !

Une jeune fille déboule soudain devant moi, rapide comme l’éclair, agile comme un chat. Par réflexe (mais aussi par chance), je coince le bout de mes doigts dans sa manche, et avant même de comprendre ce que je fais, je la coupe dans son élan. Elle dérape sur le sol et je l’agrippe plus fort pour l’empêcher de s’échapper. Un homme entre deux âges, un peu rondouillet, nous rejoint en courant. Je cligne des yeux. C’est la première fois que je vois quelqu'un ayant du surplus graisseux dans Cerberus Hall. Soit c’est un immigré qui a trouvé le moyen de gagner plus que sa ration quotidienne (peu probable), soit c’est un citoyen qui a une affaire illégale à régler (plus réaliste). Quand il voit ma bure, il se fige et blanchit – confirmant mes soupçons.

La jeune fille commence à se débattre, mais je raffermis ma prise et la maitrise sans trop de difficulté. J’hésite. Je tiens entre mes mains un petit oisillon avec lequel il me plairait de jouer un peu, mais mon devoir me dicte de réprimander cet homme et de le conduire devant le Haut-juge aux affaires de mœurs. Je regarde autour de moi : on est au croisement de Hell Street, la seule avenue de Cerberus Hall, et d’une petite impasse anonyme. Quelques personnes trainent dans la rue, mais ils évitent soigneusement de nous regarder. En clair : je peux faire ce que je veux.

Bah, je l’y conduirai une autre fois. De toute manière, j’ai une évangélisation sur le feu.

Piètre excuse, je le sais bien.

— Eh bien, mon brave ! Vous n’êtes pas de ce district, je me trompe ? Que venez-vous faire ici ? Avorter votre femme ou votre fille ?
— Mon Père, bégaye-t-il, je suis désolé, je ne voulais pas–
— Voulais pas quoi ? Tomber sur moi ?

Après avoir été aussi blanc qu’un linge, voilà qu’il se met à rougir.

— Cette histoire peut être oubliée, poursuivis-je.
— Oui, affirme-t-il un peu trop précipitamment. Gardez la bourse, je n’en ai pas besoin.
— En effet. Tant d’indulgences est superflu dans ce quartier.
— Ou-oui… Merci bonne journée.

Il passe précipitamment devant nous, évitant mon regard, et je me dis que l’action qu’il cherchait à commettre (ou qu’il a commise) est certainement plus grave qu’un avortement illégal…

— À nous deux, maintenant, fais-je en rivant mon regard dans les yeux de la jeune voleuse.

La tenant fermement par les épaules, je l’entraine plus profondément dans la ruelle, invisibles parmi les ombres.

— Donne-moi cette bourse. Maintenant.

Et je tends la main.
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