Je ne connais pas par cœur le quartier d'Emporia, de l'Animux Vox, mais cela ne m'empêche pourtant pas d'y aller. Si je peux récupérer des informations ou n'importe quoi pour ma contrebande, je fonce. Je suis comme ça, presque rien ne m'arrête. Pour autant, je ne suis pas du genre à foncer tête baisser, je sais me poser pour analyser la situation et ne pas me précipiter. Sinon, j'aurais déjà tué mon ennemi en tête de liste, serait sûrement exilée ou pire encore. Mais franchement, être exilée ne m'atteindrait même pas. J'ai vaincu à l'extérieur, j'y suis née. Ma mère m'a tout appris, et j'y ai tout perdu. Comme en venant dans ce Dôme où j'ai cru pouvoir avoir une vie meilleure. Si on m'avait dit comment était faite cette structure, on ne m'avait pas dit comment ils avaient hiérarchisé les gens. Les immigrés ? Presque des parias, nous n'avons pas notre place car on ne nous la donne pas. Rare sont ceux qui se font naturaliser, je l'avais touché du bout des doigts, avant que tout ne bascule. J'en ai parcouru du chemin, mais cela ne m'a que plus endurci, et j'en suis là aujourd'hui. Mon caractère plus que forgé, mon objectif précisé. Tant que la vie sera en moi, tant que le sang de ma vengeance et de mon combat coulera dans mes veines, rien ne m'arrêtera. J'ai au moins un avantage, j'ai tellement parcouru les tunnels que je les connais par cœur. On peut toujours trouver un point d'entrée. Si je connais des personnes qui peuvent être soudoyées ou d'autres moyens de passé la porte qui mène à Emporia, je préfère me débrouiller seule pour cette fois-ci. J'ai appris qu'un homme pouvait avoir une marchandise que je recherchais pour pouvoir les échanger avec un homme de l'extérieur. On me fait parfois des commandes, si l'on peut appeler cela ainsi, et j'essaie toujours de me débrouiller pour avoir ce qu'ils demandent, même si je sais où est la limite et que je refuse parfois certaines exigences.

Je suis désormais dans les rues sombres, j'évite les grandes rues, le monde, les gardes notamment. Je suis vêtue de vêtements sombres et mes cheveux sont détachés pour qu'ils recouvrent et cachent partiellement mon visage. Je me faufile jusqu'à une ruelle qui débouche sur une autre, puis je m'arrête alors que mes yeux observent le cul-de-sac. Une porte s'ouvre et j'y disparais. Quelques minutes après, je sors avec un sac en bandoulière. Je reste furtive, invisible, sauf qu'à un détour, alors que je passe par la gauche, je me retrouve face à quelques gardes, à quelques mètres de moi à peine. Je fais volte-face et me dirige vers une autre rue, puis une autre, avant de nouveau de tomber sur des gardes. Il ne m'a fallu que quelques secondes au moment où mon regard s'est posé sur une porte et que ma silhouette disparaisse. Je jette un œil par la petite fenêtre de la porte avant de me retourner. Je me retrouve dans une petite pièce et j'aperçois une femme assise à une table, vraisemblablement avec un livre. Je reste silencieuse un instant, mais son regard plonge sur moi, il fallait être sourd pour ne pas avoir entendu mon arrivée. Mes yeux glissent jusqu'à un livre et je sais déjà sur quoi entamer la discussion.

« Oh, vous avez de la chance pour pouvoir accéder à ce genre de… chose, non ? » ajoutais-je tranquillement alors que je m’avance de quelques pas, me dévoilant à la lumière.